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SIA 2024: QUEL BILAN POUR L’ANADER

Participant à la 60e édition du Salon International de l’Agriculture (SIA) de Paris, l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) a présenté ses acquis et expériences en matière de sécurité nutritionnelle. Des experts de la question ont fait partie de la délégation de l’organisation notamment, Dr KOUASSI Jean-Pierre, Directeur de l’Appui à la Santé Communautaire et à la Lutte contre les Pandémies à l’ANADER. Dans cette interview, il nous dresse un bilan à l’issue du SIA 2024 … Dr Kouassi Jean-Pierre, vous avez pris part avec l’ANADER au SIA 2024 tenu du 24 février au 04 mars, quel bilan en tirez-vous au plan technique? KJP : Je peux dire que je sors de ce salon très satisfait, dans la mesure où la plupart des partenaires présents ont su qu’à côté de la sécurité alimentaire, l’ANADER se préoccupe de la sécurité nutritionnelle. Au regard de la qualité des participants et des questions posées lors du panel que l’ANADER a organisé le 28 février 2024, je comprends et je note que notre entreprise, en s’investissant dans la sécurité nutritionnelle est en train de combler un réel besoin. Ce qui me réjouit énormément, c’est le fait que ce thème sur la sécurité nutritionnelle ait été choisi comme centre d’intérêt pour la promotion de ses services pour largement communiquer sur ce sujet au cours de ce salon international de l’agriculture.   Selon vous le bilan est alors positif ? KJP : Oui, le bilan est positif dans la mesure où nous avons démontré des compétences peu connues de l’ANADER. Maintenant, il faudra capitaliser les contacts établis avec les partenaires en ayant des séances de travail pour les amener à nous accompagner dans cette initiative.    Quels sont les résultats concrets de l’action de l’ANADER en matière de sécurité nutritionnelle en Côte d’Ivoire ? KJP : L’ANADER a compris très tôt qu’il fallait accompagner la vulgarisation agricole d’actions en faveur du bien-être des communautés rurales à travers une Direction chargée de l’Appui à la Santé Communautaire et à la lutte contre les Pandémies. C’est dans ce cadre qu’elle s’est engagée dans la mise en œuvre des projets en faveur de la nutrition des populations. Cela s’est fait à travers le projet d’appui à la cantine scolaire et le projet multisectoriel pour le développement de la petite enfance qui a été initié par l’Etat de Côte d’Ivoire. Concernant ce dernier projet, depuis 2019, l’ANADER a dépisté dans la communauté 42 377 enfants de 6 à 59 mois et 17 135 femmes enceintes et femmes allaitantes victimes de malnutrition. Ces dépistages ont permis d’identifier 758 enfants malnutris qui ont été immédiatement pris en charge afin d’éviter leur décès. Le nombre élevé des cas d’enfants malnutris a amené l’ANADER à initier des actions d’éducation parentale pour la bonne nutrition des enfants et des femmes enceintes. Il était nécessaire en effet d’amener les parents à comprendre que toutes les productions n’étaient pas destinées à la commercialisation, mais qu’il était nécessaire de rester en bonne santé pour produire en respectant des règles simples à savoir, avoir un régime alimentaire varié et  équilibré pour toute la famille. Dans ce sens, des démonstrations culinaires sont réalisées dans les foyers de renforcement des activités de nutrition en milieu communautaire (FRANC) afin de montrer aux mamans comment préparer des repas variés et équilibrés. A côté de cela, l’ANADER a sensibilisé les communautés à la mise en place de jardins potagers (fruits, légumes) autour des habitations au profit des familles économiquement faibles, pour leur permettre de produire une partie de leurs denrées alimentaires. Aussi, des activités génératrices de revenus ont été créées en vue de soutenir les FRANC. De même, l’installation de greniers communautaires ont permis de développer la solidarité dans la communauté en permettant à ceux qui produisent plus, de partager avec les familles indigentes.    Quelles sont les perspectives de l’ANADER dans ce domaine à court, moyen et long terme ? KJP : Ce salon nous a ouvert les yeux. Jusqu’à présent nous nous préoccupions de la prise en charge nutritionnelle et de l’éducation des parents. Mais il y a le volet de la transformation des produits locaux que nous pourrions prendre désormais en compte. Dans ce cadre, nous avons pris des contacts avec des transformatrices en vue de sélectionner les aliments à haute valeur nutritive pour les transformer au profit des enfants et des femmes enceintes. L’autre perspective est le renforcement des capacités de nos agents de terrain dans tout le pays, pour leur permettre d’intégrer de manière formelle la nutrition dans nos domaines d’intervention auprès du monde agricole et rural. Pour finir, l’ANADER, acteur de premier plan de la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire, doit se positionner avec l’appui des partenaires au développement, en tant qu’initiateur de grands projets en vue d’assurer la sécurité nutritionnelle des populations.  Dans le contexte de la sécurité alimentaire, quel est le message de l’ANADER aux populations rurales ? KJP : La première chose est de démontrer aux communautés rurales qu’on peut s’alimenter sans toutefois avoir un bon état nutritionnel. Il faut qu’ils en prennent conscience pour apprendre comment faire les mélanges en vue d’apporter aux enfants tout ce dont ils ont besoin en termes de valeur nutritionnelle pour leur développement, à travers des actions de sensibilisation qui permettront de réduire les cas de malnutrition constatés sur le terrain. L’autre message que nous lançons consiste à sensibiliser les populations en milieu paysan à produire plus d’aliments à haute valeur nutritive tels que la patate douce à chair orangée, le soja et le niébé. Cela est possible, car notre expérience sur le terrain a permis d’obtenir une réduction drastique des cas de malnutrition au bout de deux années de sensibilisation grâce à ces aliments. De plus, la notion de développement de la petite enfance a permis de démontrer que les enfants dans le milieu rural, lorsqu’ils sont bien stimulés et bien éveillés, peuvent aller loin dans les études et même faire des études supérieures. Avec ces interventions, nous agirons sur le capital humain en milieu rural. Pour terminer, je voudrais adresser mes remerciements au Dr Sidiki CISSE, Directeur Général de l’ANADER qui nous a permis au cours de ce SIA 2024 de présenter les actions que nous avons initiées en faveur de la nutrition. Ce choix a été très pertinent, car ce sujet est souvent mis de côté au profit exclusif de la sécurité alimentaire. Didier Lobe